Puisqu’il a été le point de départ de notre sujet, voyons, sous un autre angle, ce que le masque pourrait nous révéler de nous tous ! Car jamais, nous n’avons vu de par le monde, les êtres humains fédérés, avec une telle discipline.
Si nous en sommes là, c’est bien que quelque chose se passe. C’est bien que le masque "vient" en réponse à une attitude générale, à un besoin, un mode de fonctionnement de toute la société, à une peur de toute la société. Il est une réponse à tout cela.
De multiples approches s’offrent à moi. Je vais quitter l’aspect "santé", les débats sont assez nombreux. Je vous emmène ailleurs, approchons-nous sans peur du masque 😁, pour retrouver le sourire et augmenter notre immunité ! Que pourrait-il dire de notre société d’un point de vue symbolique ?
Tout d’abord, ce que je vois avec le masque, et ce qu’il évoque c’est : le besoin de "se cacher", se cacher du regard de l’autre, se protéger du regard de l’autre… Je pense au bal masqué et je ne peux m’empêcher de sourire. En effet, dans une société où tout est pratiquement basé sur l’image que l’on donne de soi, dans les réseaux sociaux, avec les selfies, les mises en scène de notre quotidien, etc… Nous sommes arrivés à un paroxysme, se montrer, se faire noter par l’autre, avoir son approbation, son appréciation, semblent être la clef de la réussite, voire de l’apaisement. Avons-nous besoin de l’autre pour gagner cette confiance en soi ? Confiance en soi indispensable pour traverser la vie sans être trop "cabossé" ?
Et si le port du masque nous obligeait à faire un retour sur soi sans la validation de l’autre et sans son approbation ? Le port du masque nous cache du regard de l’autre ! Serait-ce un des bénéfices inattendus ?
Nous inciterait-il à entrer en introspection ? À ne plus compter sur l’autre pour nous donner la température de notre valeur, nous rassurer quant à notre image et l’opinion que se font les autres de nous, plus question de compter sur l’autre pour flatter notre égo ?
Ce serait une des grandes inattendues de ce masque ? Le masque, tellement encensé par certains et décrié par d’autres, pourrait, comme souvent, avoir les deux casquettes.
Dans une société, où tout est basé sur le "paraître", le masque nous empêche de paraître. C’est la fin de l’image "de manière symbolique". Cette "fin de l’image" ne viendrait-elle pas confirmer que cette société est arrivée à son point culminant et qu’elle commence à s’effondrer ?
Et si nous revenions, au début du texte, le bal masqué ? Le masque actuel ne semble pourtant pas symbole de fête bien au contraire. Devrions-nous y mettre un peu de légèreté et observer notre société et ses dérives avec du recul ?
Le bal masqué était l’occasion de faire toutes les frasques possibles et inimaginables sans être découverts. Tout était possible. Actuellement, c’est le bal masqué au quotidien ! Le masque ne viendrait-il pas nous parler de cette tendance, de plus en plus fréquente, à insulter l’autre de manière anonyme sur les réseaux sociaux ? Viendrait-il nous parler d’une société qui se croit tout permis, d’une société à la dérive, où "le bal masqué" permet de faire tout et n’importe quoi, de se sentir tout puissant et intouchable quel que soit le niveau social ? Ce masque viendrait-il nous parler de cette croyance, que cacher au regard de l’autre, cette société permet à tout le monde de juger tout le monde, sans état d’âme et sans conséquence, dans l’anonymat ?
Le masque peut aussi nous parler de la fatigue de cette dérive. Il viendrait alors raconter notre besoin de se soustraire, pour un temps, à l’appréciation de l’autre, à son avis et son jugement. Fatigués d’avoir à répondre et à attendre l’approbation dans le regard de l’autre ! Et si ce masque que nous portons, plus ou moins docilement, alors que son utilité est controversée, venait nous confirmer que nous avons besoin de repos. Nous reposer du jugement de l’autre et de son point de vue, de son regard ?
Mais alors la porte est ouverte, si l’autre n’est plus là pour nous rassurer, s’il n’est plus là pour nous "donner" notre valeur, il va falloir aller au plus profond de soi pour chercher cette valeur qui nous fait défaut.
Vu sous cet angle, le masque deviendrait un indicateur d’évolution humaine ? Ou tout du moins une proposition que la "Vie" mettrait sur notre route, une proposition d’entrer en soi.
Le masque serait-il un point final à des décennies… des siècles, d’excès, de mal-être, de soumission à l’approbation de l’autre ? Le masque nous proposerait-il, au niveau sociétal, un retour sur soi, pour quitter la dépendance à l’autre et trouver l’équilibre et la paix intérieure ?
Nous avons quitté les rivages de la santé, de la protection grâce au masque pour ne l’observer que d’un point de vue symbolique. Ce masque pourrait être une opportunité, nous inciter à nous poser des questions sur ce qui a été mis en place. Pourquoi en sommes-nous arrivés au port du masque… derrière l’aspect sanitaire, que nous cache ou que nous révèle le masque sur nous-mêmes ?
Le masque a ceci de paradoxal, qu’il empêche parfois un dialogue fluide. Nous n’entendons pas l’autre, il marmonne, on ne le comprend pas ! ses paroles s’arrêtent aux confins du masque. Il va falloir dialoguer par d’autres moyens, le regard, le langage corporel etc… et d’être bien présent à l’autre pour se faire comprendre. Je me pose néanmoins des questions.
Nos sociétés ont, pendant des années, combattu le port de la burqa, car il était interdit de se cacher le visage. Se cacher le visage était synonyme de délit, un moyen de se cacher en cas d’infraction. C’était le "mal" incarné et voilà que, subitement, se cacher le visage, au risque de ne pas être reconnu, devient le "bien". Cela ne fait plus peur. Des années de débat… Sans commentaires, nous devons juste nous poser la question, où est le bien où est le mal ??? A chacun sa réponse, nous ne sommes pas à une contradiction près. Cependant, s’il y a une conclusion à en tirer, ce serait peut-être de mettre de la tolérance dans nos propos. Des propos qui peuvent changer et évoluer en fonction des situations. Cela relativise beaucoup les débats… Et les vérités !
L’humain n’étant pas à un paradoxe près, je m’amuse en pensant à la suite de ma rédaction. Je me suis retrouvée avec une amie et notre enseignant au restaurant, cet automne, au temps où les restaurants étaient ouverts.
A quelques tables de la nôtre, malgré le masque que gardait la cliente qui attendait son repas, et sans chercher à l’écouter, il était impossible de ne pas l’entendre. Malgré le fond musical, et la distance entre nos tables, nous n’avons pas pu nous empêcher d’entendre les médisances proférées par cette personne.
Le plus drôle, car toute situation est comique quand nous arrivons à prendre de la distance, c’est que cette personne critiquait les étrangers (pour je ne sais quelle raison valable à ses yeux) et que nous étions dans un restaurant indien !!! C’était hallucinant. Nous avions la sensation d’être dans une autre dimension !!
Apparemment elle ne réalisait pas l’incongruité du propos et n’y voyait aucun problème. Probablement, le restaurateur faisait-il partie des "bons étrangers", car elle le connaissait et il ne faisait pas partie de cette "masse" impersonnelle à laquelle elle faisait allusion….
Si je vous parle de cette anecdote, c’est que la suite a été fort intéressante. C’est alors que notre enseignant, tout aussi étonné que nous, nous dit ceci :
"Et si le masque était là pour empêcher de laisser sortir de soi des horreurs et empêcher de médire sur l’autre" !
J’ai trouvé cette réflexion très intéressante. En effet, quel est ce besoin de critiquer l’autre ? L’autre pouvait être n’importe qui, même le frère ! Quelle est la peur véhiculée par l’étranger ou "l’autre" pour susciter un tel mépris ? Serait-ce tout simplement sa différence, l’impossibilité de s’identifier à lui ? Dans le comportement de cette femme et de son conjoint, il n’y avait aucune conscience de soi, aucune conscience que ces propos, émis contre des étrangers, dans un restaurant tenu par des étrangers indiens, proposant une cuisine étrangère indienne, étaient totalement déplacés.
Le masque nous proposerait-il de réfléchir à deux fois avant de parler. Je ne peux m’empêcher de parler du dicton : "tourne 7 fois la langue dans ta bouche avant de parler".
Le masque serait alors le boomerang bloquant la parole aux abords de celui-ci ? La parole "redescendrait" alors dans l’être pour qu’il puisse la ressentir, y réfléchir ?
Lorsqu’on jette une pierre dans l’eau, il se forme des cercles, si les cercles se heurtent à un obstacle, les cercles reviennent au point de départ.
Si les paroles se heurtent symboliquement au masque, elles reviennent de là où elles sont parties. Elles repartent à l’intérieur. Serait-ce un moyen que la "Vie" a trouvé pour que ces paroles cessent de faire du mal à l’extérieur de soi, reviennent d’où elles sont parties et permettent une réflexion, une méditation, une introspection ? (voir article : Les pouvoirs de l’Esprit sur le Corps)
C’est peut-être un grand idéal 😁… et une envie d’y croire, encore un peu… Croire en la capacité de l’humain "à ravaler ce qu’il dit" pour mieux y réfléchir.
C’est un rêve, le rêve d’un monde meilleur où le jugement cesse de faire partie des échanges, un monde où ce venin ne se répande plus.
Cependant, le masque empêche aussi de répandre de belles paroles. Après ces propositions philosophiques, symboliques sur le masque, qu’allons-nous choisir ?
Allons-nous choisir de nous démasquer, au sens propre comme au sens figuré ?
- Se démasquer : l’acte est choisi, c’est se montrer à la face du Monde, tel que nous sommes. Assumant qui nous sommes.
- Être démasqué : l’acte n’est pas choisi, c’est être découvert par l’autre, avec comme connotation une mise en lumière d’erreurs, de fautes, de mensonges etc… Qu’allons-nous découvrir ?
Allons-nous continuer à vivre cachés derrière un masque, derrière des "protections", à oublier de vivre et à avoir peur de l’autre, notre alter-égo. L’autre et soi, la clef d’une société en équilibre. La nature nous donne la meilleure leçon qui soit. L’équilibre des plantes, des insectes, des virus, des microbes… donne la force. La survie est dans l’équilibre de toutes les espèces, dans l’équilibre de toutes les différences.
Serons-nous capables d’accueillir nos différences et augmenter notre confiance en nous ? Notre confiance en notre santé, en notre immunité, en notre médecine, en sa capacité à nous donner des traitements, à nous soigner ? Ou préférerons-nous rester retranchés derrière la forteresse, masqués, à tout jamais ! Amenuisant ainsi notre force intérieure, notre immunité, notre santé, notre joie de vivre, notre foi en nous, en la vie. Choisirons-nous de vivre tels des morts par peur de mourir, ou essaierons-nous de contacter la vie pour se donner la force de vivre ?
Que se passerait-il si nous décidions d’enlever le masque ? Dans tous les sens du terme. Ce masque que nous portons depuis un an, ne vient-il pas nous dire, que nous sommes depuis des siècles, constamment cachés, tous, autant que nous sommes, derrière un masque. Que nous manquons d’authenticité, d’affirmation de soi, de conscience de soi, que nous cachons nos pensées par peur du jugement, que nous sommes souvent hypocrites par peur d’être rejetés, par peur de ne plus être aimés. Tout ce qui nous arrive ne se résumerait-il pas par un besoin d’être aimé, de se sentir valorisé pour être digne d’amour ?
© Alice Duruz - 2021