Invité de l’émission Charles Pépin (philosophe, enseignant, romancier) suite à la sortie de son livre la "Confiance en Soi" Ed. Allary
Aujourd’hui le sujet abordé a tellement été entendu, qu’on se demande ce qu’un livre supplémentaire pourrait bien nous apprendre. S’agit-il de nouvelles recettes pour trouver cette confiance dont on parle tant et semble tellement évidente quand on regarde vivre certaines personnes. Encore une suite de fables qui accentue le manque de confiance en nous-mêmes… Non pas dans tous les domaines de la vie, pas nécessairement, mais parfois uniquement dans cette zone d’ombre, celle qui reste sensible et que chacun connaît pour lui-même. Cette zone que certains, par une grande conscience d’eux-mêmes, connaissent. Cette zone d’ombre est une évidence pour eux, car ils l’ont déjà mise en lumière, mais elle reste bien tapie chez d’autres. Cachée derrière une grande couverture de confiance … tellement cachée qu’on se demande s’ils sont humains ! ont-ils des failles ?
Je commence à écouter l’émission sans trop de convictions. Les recettes miracles à appliquer comme des recettes de cuisine ne fonctionnent pas dans ce domaine. La confiance en soi, c’est un processus intérieur qui évolue petit à petit, au fur et à mesure des expériences, dans la rencontre à l’autre qui nous donne la mesure de ce que nous sommes, de qui nous sommes. Rencontrer l’autre, c’est risquer de sentir, de voir, de percevoir sa propre faille. C’est aussi regarder en face les frontières que nous avons déjà dépassées... où en sommes-nous ? "Combien" de confiance acquise avec le temps ? Que perçoit l’autre de nous, de notre émanation, de notre énergie ?
Et voilà que dès les premières phrases je suis heureusement surprise. Charles Pépin évoque la confiance en soi avec humilité, osant nous dire qu’il n’avait pas compris avant ! Osant nous relater ses expériences en classe, disant à ses élèves, quand il ne peut pas répondre à une question, qu’il ne sait pas, tout simplement. Osant dire à son élève, en toute simplicité, qu’en penses-tu ? Une manière de donner la confiance à ce jeune sans se placer "en maître tout puissant".
Je suis étonnée par tant d’humilité… c’est si rare actuellement. Ces quelques phrases nous donnent la dimension de la personne et l’envie d’aller plus loin. Charles Pépin ne se contente pas d’écrire sur la confiance mais la donne à ceux qu’il côtoie. Quoi de mieux que de vivre ses valeurs !
La confiance en soi est un vaste thème. C’est d’abord donner confiance à une personne, lui donner confiance en ses propres valeurs, ses talents, ses compétences, l’aidant ainsi à sortir du besoin de se comparer à l’autre … (souvent pour se dévaloriser ou pour se mettre en avant au détriment d’autrui). Poison s’il en est, car toute comparaison mène forcément à un complexe d’infériorité ou de supériorité… qui est identique et parle bien du même problème. Cette attitude oblige à la compétition pour atteindre un but ou maintenir un état intérieur de supériorité. C’est la course contre soi, la sensation que le but n’est jamais atteint. C’est tout le contraire de la joie, la joie d’être tout simplement.
Actuellement, il est très difficile de ne pas entrer dans cette mouvance, de ne pas se comparer sans cesse. Nous vivons à une époque où tout est fait pour se montrer, où les réseaux sociaux sont au centre de beaucoup de vies.
Revenons à la confiance, car après avoir donné confiance, la deuxième étape consiste à faire confiance. En effet, quelle plus belle et meilleure preuve donnée à l’autre. Lui faire confiance, c’est croire en ses compétences et lui laisser la liberté d’être tel qu’il est. Qu’il n’a pas besoin d’être autre, d’être autrement. Il est, tel qu’il est "comme il faut".
Charles Pépin étaye son propos en nous donnant l’exemple de Madonna qui jeune n’avait pas de confiance en elle. Il a d’abord fallu que son professeur lui donne confiance en elle et ensuite lui fasse confiance et lui permette ainsi de montrer ce qu’elle était capable de faire.
De la confiance à la joie. A cette joie intérieure qui n’a besoin de rien pour être ressentie même dans l’adversité. Cette joie d’être dont Charles Pépin parle par le biais des textes philosophiques… Il n’aura fallu qu’un pas pour faire le lien, faire un pont entre les philosophes de tout temps et les approches spirituelles tout aussi anciennes.
Le Bouddhisme en parle de cette joie qui ne se relie à rien si ce n’est à un état de plénitude intérieure. Tous les textes sacrés l’abordent.
Comment ne pas se dire que la joie, cette joie qui ne dépend de rien, qui est là quelques soient les circonstances, est impalpable et ne se relie à rien, si ce n’est à la vie. La vie intérieure.
Finalement tous les chemins mènent à la même réflexion. Confiance en soi, joie ne dépendent pas de l’acquis mais de la sensation d’être. Cet équilibre qui se déploie dans la rencontre à l’autre et hors de celle-ci. Nourrit par l’autre et nourrit par soi…
Avez-vous envie d’écouter cette émission ? je l’espère…elle va vous conquérir.
© Alice Duruz - 2018